Le Plan Partenarial d’aménagement du Mont d’Est

Intervention au Conseil municipal du 30 mars 2023 : https://www.noisylegrand.fr/votre-mairie/vie-municipale/conseil-municipal/reunions-plenieres/conseil-municipal-du-30-mars-2023

Un Projet partenarial d’aménagement, c’est un outil juridique qui permet de coordonner les actions de plusieurs acteurs publics ou privés dans le cadre d’opérations d’aménagement complexes.

A la lecture du titre, on se dit que ça peut être pas mal. En effet, le quartier du Mont d’Est demande une réhabilitation de grande, voire de très grande ampleur, et quoi de mieux que de permettre un dialogue entre l’ensemble des acteurs du site.

Oui, une réflexion à cette échelle, c’est pertinent. Mais c’est trop tard.

Oui, reprendre l’esplanade de la Commune de Paris, c’est bien.

Oui, travailler sur la réhabilitation de Noisy résidence, c’est bien et nous avons toujours soutenu vos actions en ce sens.

Mais, après, on lit. Et on replace ce PPA dans un contexte. Contexte, d’ailleurs, qui est rappelé par le projet que nous avons reçu : comment faire vivre un quartier en partie en QPV depuis 2015 et qui est engoncé à la fois par des axes routiers difficilement franchissables et des dalles de béton difficilement transformables, le tout sans un mètre carré d’espaces verts.

Premier écueil : la temporalité.

Le projet, dans son préambule affirme : « au primat du « contenant », qui a prévalu depuis les années 60 du siècle précédent, se substitue aujourd’hui une aspiration au « contenu » qui, de manière croissante, conditionnera l’attractivité des quartiers naissants ou, comme le cas du Mont d’Est, des rénovations profondes ». Certes. Mais vous avez construit les « jardins d’Abraxas » où, à défaut de jardin, nous avons des barres d’immeubles sans vie, sans arbres. Vous avez ici privilégié : un nom prestigieux, certains diront bling-bling à défaut d’un projet viable écologiquement et socialement. Bref, vous avez privilégié le contenant au contenu, et c’est bien dommage. Car ce n’est hélas qu’aujourd’hui que vous vous dotez d’outils pour réfléchir à l’urbanité de ce quartier. Vous allez me dire que les PPA n’existaient pas en 2015, je vous réponds qu’il y avait d’autres véhicules juridiques, y compris, d’ailleurs, une ZAC plus étendue que celle de la commune de Paris.

Et le projet apporte un peu plus d’eau à mon moulin :

Page 6, il parle de « deux grands blocs urbains » en citant le centre commercial et le PKO. Pourquoi avoir rajouté un troisième bloc qu’est cet affreux ensemble des Jardins d’Abraxas ?

Page 7, il parle d’un « d’un fort sentiment d’insécurité » à Abraxas. Pourquoi alors avoir persisté ? Si les difficultés sont telles, et elles l’étaient puisque ce secteur a été placé en QPV dès 2015, pourquoi en avoir rajouté une couche et assumer d’enclaver encore plus le quartier avec 425 logements supplémentaires, alors même que d’autres logements, par milliers, étaient construits sur le trottoir d’en face, c’est-à-dire à Maille Horizon Nord ? Le plan page 12 est édifiant : c’est toute la partie à droite, avec les immeubles dits, d’après le plan, Maille Nord, Montaigne et Jardins d’Abraxas qui sont sortis de terre avant même d’entamer une réflexion profonde et d’ensemble sur l’élaboration d’une urbanité qui permette d’améliorer la vie de ceux qui y habitent déjà, de faire de la place pour des services publics, notamment les écoles et pour éviter les ilots de chaleur qui, par vous, deviennent des continents de chaleur, renforcés en plus par votre projet écocide de Maille Horizon Sud. Oui, toujours et plus que jamais, le seul développement qui soit durable, à Noisy, c’est celui des promoteurs.

Deuxième écueil : l’absence d’aménagements pour lutter contre le réchauffement climatique.

Le projet dénonce le caractère minéral du quartier dans son ensemble. Vous promettez 5 000 mètres carrés d’agriculture urbaine. Riche idée. Mais des salades n’ont jamais fait d’ombre, surtout quand elles sont positionnées sur un toit d’un centre commercial. Et un projet d’agriculture urbaine, à visée commerciale ne doit pas être l’arbre qui cache la forêt. Il ne doit pas faire oublier tout ce qui ne poussera pas ou plus à cause de vos projets, notamment à Maille Horizon Sud, que vous nous promettez écolo, alors qu’il sera, lui aussi engoncé entre les immeubles pharaoniques de Bofill, un des côtés de Maille Nord et bien évidemment, la bretelle d’autoroute. Le projet nous vend le truc en disant, page 20, qui veut : « Proposer un parti d’aménagement reposant sur tout ou partie des principes de l’urbanisme d’anticipation environnementale en matière de structuration du quartier et en matière de programmation immobilière et de préconisations des grands principes constructifs (bioclimatisme architectural et urbain) des futurs ensembles immobiliers » et qu’il veut aussi « développer un projet urbain emblématique en entrée de ville en faisant le lien avec les projets développés sur les secteurs à proximité, le développement urbain global de la Ville et en prenant en compte les éléments de coupure urbaine existants dans l’objectif de permettre un développement cohérent à l’ouest de la Ville ». D’une part, faire des ensembles immobiliers à côté d’un axe polluant, c’est-à-dire l’autoroute, ça ne sera jamais écologique. La seule chose à faire, pour l’écologie, c’est de ne pas arracher les arbres de grande hauteur, d’en planter d’autre, pour mieux capter le CO2.

D’autre part, le projet nous refait le coup des entrées de villes qui doivent être « emblématiques ». C’est beau comme du Pajon. Vous nous avez détruit les bords de Marne, pour faire emblématique, vous allez raboter la butte verte pour faire emblématique, et là, vous allez faire des immeubles pour faire emblématique. C’est plus un emblème, c’est une preuve. Une preuve que le seul développement qui soit durable, à Noisy, ça reste celui des promoteurs.

Troisième écueil, la méthode.

D’abord, la concertation. Laquelle ? Celle en continu avec les usagers comme le prévoit le projet page 26. Sauf que c’est déjà réglé. Sans bruit, le projet nous informe de la création d’un collectif « Destination Mont D’Est » qui comprendra des habitants – lesquels ? – des entreprises – lesquelles ? – et des commerces – lesquels ? Or, c’est ce collectif qui sera je cite le projet, page 10 « la structure consultative privilégiée dans le cadre de la concertation ». Bref, quoi de plus simple pour concerter que de concerter ceux qui pensent comme nous ? On limite les risques.

Ensuite, le choix du pilote du PPA.

Page 10, le projet nous présente les signataires au contrat. Trois fois le nom de Madame Marsigny. En tant que Maire, en tant que présidente de la SOCAREN et en tant que présidente de la SPLA-IN Noisy Est. Je tiens à vous alerter sur plusieurs points.

D’une part, la CADA m’a donné raison et que la SPLA-IN doit me communiquer les compte-rendus des conseils d’administration, entre autres documents que j’ai demandé. Et que je les attends, et que je les rendrai publics, dès que je les recevrai, car la CADA les a défini comme des documents qui doivent être publics.

D’autre part, cette SPLA-IN agira sans aucun contrôle de la Ville. Pire, elle est le récipiendaire d’une délégation inacceptable : organiser et piloter les comités de pilotage, organiser et piloter les comités techniques et, en même temps, être le seul opérateur qui produit les études que la Ville lui demande. En d’autres termes, le comité de pilotage n’est plus piloté par un politique, puisque la Ville et l’EPT concèdent à la SPLA-IN la prise des choix stratégiques.

Ainsi, aux comités de pilotage, une seule personne, vous, Madame, aura trois voix, dont celle, prépondérante par nature, de la structure qui étudie, pilote et ordonne. Est-ce légal ? Oui. Est-ce que cela pose un problème ? Pas à vous, visiblement, ni à votre majorité. Mais d’un point de vue démocratique, d’un point de vue républicain, du point de vue de la défense de l’intérêt général, est-ce correct ?

Ici encore, ce montage est une preuve : l’autre développement qui soit durable, à Noisy, c’est celui des aménageurs.

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