Rapport développement durable du 21 décembre 2023

Intervention au Conseil municipal du 21 décembre 2023: https://www.noisylegrand.fr/votre-mairie/vie-municipale/conseil-municipal/reunions-plenieres/conseil-municipal-du-21-decembre-2023

Regardons ce rapport développement durable. 68 pages. 68 pages d’autosatisfaction. Mais la nature, les noiséennes et les noiséens ont-ils, eux, obtenu satisfaction ?

Ce rapport développement durable n’engage aucunevision ni aucune volonté politique forte d’inscrire la ville dans la transition écologique. Pire, presque à chaque page, ce qu’il annonce se heurte soit à votre inaction coupable, soit à la réalité, souvent bien éloignée ce que votre rapport prescrit.

Ce rapport, somme toute, relève du système qui nous a conduit et continue de nous conduire droit dans le mur, système auquel vous adhérez d’ailleurs. Or, nous sommes au courant, désormais, de l’urgence écologique. On ne peut plus dire que l’on ne savait pas, et, sauf à tomber dans le complotisme, nous ne pouvons pas nier l’existence d’un danger pour la survie de la planète.

Ne rien faire, c’est alors être complice. Cette complicité, c’est aussi cette association avec les lobbies, qui ont carrément droit maintenant à une page dans le rapport développement durable de la ville. Je parle bien sûr de Total, qui, en plus de vous nourrir dans le cadre des agapes de votre club des acteurs du Grand Paris, se paie le luxe de mettre sa propagande pour les énergies fossiles aux pages 15 et 16 de votre rapport.

Mais ce n’est pas la seule contradiction.

Commençons.

Page 9 : vous dites vouloirs agir sur les gaz à effet de serre. C’est, et je le souligne tous les ans, un bel objectif. Mais pourquoi alors nous ressortir, comme tous les ans, la même étude de 2019 ? N’avons-nous pas les moyens d’en avoir une plus récente, histoire de montrer, à l’aide d’indicateurs, comment accentuer cet effort ?

Page 10 : Vous produisez les résultats d’une enquête faite par un prestataire privé qui définit quatre profils de Noiséens, en fonction de l’utilisation de leur voiture et de leur consommation de viande. C’est sans doute intéressant, mais que faites-vous alors de cette étude ? Quelle politique publique allez-vous mettre en place ?

Page 11 : vous annoncez mettre en place un logiciel « RECITAL » pour baisser de 50% la consommation d’énergie des bâtiments municipaux dans 7 ans. Cela représente un coût de 2.2 millions d’euros. Pourquoi faire appel à un producteur d’énergie pour la conception de ce logiciel ?

Page 12 : vous vantez les mérites de la géothermie sur le quartier écocide des bords de Marne. Elle vient de Maison Blanche, à Neuilly-sur-Marne, soit à plus de 3 kilomètres. Combien d’habitants de ce quartier ont dû, l’année dernière, se chauffer avec des chauffages électriques d’appoint, faute de chauffage à la géothermie ?

Page 13 : vous annoncez vouloir mettre 2.5 millions d’euros dans l’éclairage public. Dans le même temps, vous annoncez attendre 1.6 millions d’euros du fonds vert de l’Etat depuis bientôt 1 an. Est-ce que cela signifie que votre plan est au point mort faute de budget suffisant ? Si cette dépense n’était pas certaine, pourquoi alors l’avoir inscrite au budget ?

Page 14 : vous évoquez le plan vélo et les pistes cyclables. En effet, le développement des mobilités douces et la mise en sécurité des piétons et des cyclistes est une condition sine qua non aux changements de comportements : faire de la place pour les piétons et les cyclistes dans l’espace public, c’est empiéter sur la place dévolue à la voiture.

Réduire la place de la voiture, c’est urgent pour décarbonner l’espace public et l’apaiser. C’est comme cela que l’on facilite le vélotaf et que l’on fait entrer les déplacements décarbonnés dans le quotidien. C’est ce qui fait aussi que l’on construit une ville résiliente et réellement en transition. C’est un beau principe et votre plan vélo va dans ce sens. Mais bim, la réalité, c’est que ce mois, vous avez mis en double sens la rue de la Chapelle, supprimant de ce fait la piste cyclable et mettant un coup d’arrêt à votre plan vélo.

Page 17 : sur les plans de circulation. D’abord, je me réjouis de ce cycle de concertation. Je dirais : « enfin ! ». Enfin aussi un peu de lucidité et je dois rendre hommage à M. Testat qui a qualifié votre marque « esprit village » d’appellation impropre tant ce que vous proposez en matière d’urbanisme est éloigné de ce à quoi le mot « village » renvoie.

Faire l’esprit village, c’est pas du stationnement anarchique, c’est pas des bagnoles partout. La première étape serait, il me semble, de faire respecter la destination des bâtis : quand un garage est prévu dans un pavillon, c’est pour s’y garer, pas pour mettre la chambre du petit dernier ou pour stocker le vin…

J’attends avec impatience les résultats de cette concertation, en espérant qu’ils soient partagés de façon objective.

Page 21, vous dites travailler avec l’office français de la biodiversité à la mise en place, dans le futur, que les promoteurs soient rassurés, d’un outil pour évaluer l’impact des projets de la ville.

Alors là, c’est très drôle.

Vous avez demandé une dispense d’évaluation environnementale sur la révision n°2 du PLU, et vous affirmez vouloir, dans le futur, évaluer l’impact environnemental des projets de la Ville. Cette contradiction, flagrante, m’étonne.

Pourquoi ne pas avoir demandé à l’office français de la biodiversité d’inventorier les espèces avant de détruire les bords de Marne avec votre projet écocide ? Pourquoi ne pas le demander sur le Bois Louis Lumière ?

Ou pour votre industrie touristique chevaline du Bois Saint Martin, avec sa route ?

D’un autre côté, peut-être qu’une étude sur la biodiversité vous permterra de distinguer un chème d’un acacias.

Pages 22 et 23 : vous annoncez que la ville respecte la loi sur le zérophyto et que des moutons pourront paitre. C’est bien.

Pages 24, 25 et 26 : vous annoncez préserver le patrimoine arboré de la ville. Cela relève de la fumisterie, quand on sait combien d’arbres vos projets ont détruit et combien les projets de vos copains promoteurs et aménageurs ont détruit grâce aux permis de construire que vous leur accordez. Et combien vous allez en détruire encore avec votre projet payé par la BNP sur le bois Louis Lumière.

Combien d’arbres de grande hauteur ont été détruits ? Par combien d’arbustes les avez-vous remplacé ? 578 depuis 2019. Quand on sait que le seul bois Louis Lumière, c’est 1000 arbres.

Vous voulez les remplacer par des forêts urbaines. Faites vos forêts urbaines. C’est très bien. Mais ce ne doit pas être la compensation de votre gout pour la bétonnière. Gardez le bois lumière, ne construisez pas Maille Horizon Sud, arrêtez votre ZAC de Noisy Champs !

Une forêt urbaine, ce n’est pas un slogan. C’est une politique publique, celle que vous ignorez et qui court à votre perte.

Pareil pour les jardins partagés page 28 : il y en a 45, vous en faites 20 de plus. Soit 65 parcelles, pour 70 000 habitants. Le compte n’y est pas.

Page 30 : sur le PLUI. Vous osez évoquer le PADD. Ce PADD prévoit le zéro artificialisation nette. Or, depuis votre arrivée, c’est au moins 46 hectares qui ont été détruits. C’est dans l’évaluation environnementale de votre premier PLU. Vous allez vous attaquer, avec ce nouveau PLUI, à Maille Horizon sud, à Louis Lumière, on l’a dit, on le répète. Vous allez déclasser une partie de la zone N de la Butte Verte. Vous détruisez la nature à tour de bras. Quel rapport alors avec ce développement durable ?

Page 31 : Sur le PPA, le projet partenarial d’aménagement sur le mont d’est : le fait que désormais le réaménagement de l’esplanade de  la commune de Paris soit inclus dans le périmètre du PPA me semble une bonne chose et me fait revenir sur mon opposition initiale. Pour autant, où est la concertation ? Ce n’est pas avec votre club Mont D’Est qui réunit vos amis que l’on peut parler de concertation. Il serait plus que temps de l’ouvrir à l’ensemble de la Ville, puisque ce quartier est une entrée de ville et qu’il concerne tout le monde.

Page 32 : la meilleure gestion des eaux.

Vous évoquez encore le quartier écocide des bords de Marne. Mais que ne comprenez-vous pas quand on tente de vous expliquer qu’une rue en goudron absorbe moins d’eau que la pleine terre ?

Et que construire un quartier sur un plan versant fait ruisseler plus d’eau dans la Marne que s’il y il avait, je ne sais pas… juste de la terre, de l’herbe et des arbres.

Page 33 : les nouveaux quartiers

Je vais me répéter : comment pouvez-vous parler de mixité d’usage de votre nouveau quartier des Bas-Heurts quand face aux  57 000 mètres carrés de logements, il n’y a que 750 m² de service public.

Page 36 : sur les nouveaux espaces verts aux usages multiples

Vous en évoquez dont le lac des mares dimanche d’abord. D’où la question : pour faire des usages multiples, combien d’arbres de grande hauteur avez-vous arraché ?

Vous évoquez aussi le parc aux oiseaux. Vous ne pouvez pas dire que vous avez créé cet espace vert. C’est le seul espace qui reste du terrain des bords de Marne sur lequel vous avez construit votre projet écocide.

Je laisserai mes collègues aller plus loin sur les chapitres suivants.

Je terminerai par l’alimentation durable. C’est un sujet passionnant. Parce que derrière l’alimentation, c’est l’apprentissage de la nature, de ces cycles, de ses problèmes. C’est la question du terroir, de la culture, des femmes et des hommes qui font l’histoire des lieux que l’on connait, des spécialités régionales.

Vous, vous en faites un machin qui pousse sur une dalle et une opération marketing confiée à un prestataire privé que vous appelez marché de printemps. Vous en faites quatre pages de votre rapport.

Comment pouvez-vous réduire la question de l’alimentation à un restaurant et à un marché de printemps, alors que 16% des françaises et des français déclarent ne pas avoir assez à manger dans leurs assiettes ? Que 3,5 millions de Français subissent l’insécurité alimentaire et ont aujourd’hui recours à un soutien alimentaire ?

Ainsi, il est grand temps de changer de paradigme. Il est grand temps d’avoir de l’ambition. Il est grand temps de prendre conscience de l’urgence et des enjeux que le changement climatique pose. Et d’être enfin, madame, à la hauteur de la situation.

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